Si naguère toutes les routes menaient à Rome aujourd’hui beaucoup mènent à la turcophobie. Un cas, à la fois drôle et pathétique, nous vient d’un député européen communiste, Francis Wurtz, qui sur son blog en vient à défendre l’un des symboles du capitalisme et de l’exploitation (humaine et naturelle), je veux parler de l’industrie pétrolière,afin de stigmatiser les Turcs coupables (il va sans dire) selon lui de vouloir du mal à Chypre.
Son article, outre le fait donc de soutenir l’exploitation de gaz en mer de méditerranée, est truffé d’approximations et d’erreurs :
Affirmer que tout le problème vient de la présence de soldats turcs sur l’île, c’est bien commode, et en adéquation avec l’état d’esprit commun en France qui sur n’importe quel sujet abouti à un « c’est la faute aux Turcs ». Mais l’article oublie… de rappeler qu’en 2004 un plan de réunification de l’île a été proposé par l’ONU aux deux communautés, que ce plan prévoyait le départ des soldats turcs, qu’il a été soutenu par le gouvernement d’Erdogan, et que ce plan soumis à referendum a été accepté par les Chypriotes turcs (à 65%) et rejeté par les Chypriotes grecs (et largement à 75%). A l’époque, les dirigeants de l’UE avaient promis à la Turquie d’accélérer son processus d’adhésion à l’Union si le plan onusien était approuvé, résultat les Chypriotes grecs seront admis à l’UE un jour après (25 avril 2004) leur refus du plan de l’ONU (24 avril 2004) et se seront les Chypriotes turcs, qui ont voté pour, qui seront punis par une non reconnaissance de leur existence. Ainsi, ce n’est pas l’esprit de vérité qui étouffe le député communiste, à moins qu’il ignore ces faits.
Affirmer que l’exploitation de gaz se fera loin des côtes turques de l’île est faux, en effet, les Chypriotes grecs ont partagé la région qui entoure toute l’île en 13 zones, sans tenir compte de la présence des Chypriote turque sur l’île et chaque zone est destinée à être exploitée.
Affirmer que la Turquie est contre la présidence de Chypre à l’UE, sans rappeler que celle-ci reviendrait à nier l’existence des Chypriotes turcs, et serait l’aboutissement d’un projet de l’extrême droite grecque à savoir l’Enosis, c’est-à-dire le rattachement de l’île à la Grèce et sous seule autorité grecque, sans tenir compte des Chypriotes turcs, en les ostracisant, par exemple, des postes d’Etat – ce qui était déjà le cas dans les années 60 où l’ancien président chypriote, un grec, l’archevêque Makarios soumettait des amendements à la Constitution dans l’objectif d’isoler politiquement les députés turcs , sans parler des massacres de Turcs par les milices grecques durant ces mêmes années.
Ainsi, lorsqu’un communiste soutient le capitalisme et l’extrême droite pour affirmer que décidément les Turcs sont des gens mauvais, on peut dire qu’une étape est bien franchie, non qu’il faille se faire des illusions sur les communistes, mais ils en ont sur eux-mêmes, et que beaucoup de chemins aujourd’hui mènent à la turcophobie.