20 mai 2024

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100e anniverssaire de la république de Turquie

Le cas Leylekian et son contexte

Depuis 2009, l’article violemment raciste de Laurent Leylekian (ex directeur de la très mal nommée Fédération euro-arménienne pour la justice et la démocratie [FEAJD], ex-directeur du journal France-Arménie) contre les Turcs a été utilisé, par moi et par d’autres, comme argument pour faire comprendre qui est cet individu et dans quelle mouvance politique il s’inscrit. M. Leylekian n’a commencé à réagir qu’en mars 2012, c’est-à-dire après avoir perdu les postes qu’il occupait, et un an après que l’édition électronique de France-Arménie fut fermée sans explication. M. Leylekian nie que cette fermeture ait quelque rapport que ce soit avec ses morceaux de bravoure haineux, mais il ne donne aucune explication alternative. Nous sommes donc priés de le croire sur parole : c’est pure coïncidence si France-Armenie.net a disparu corps et biens à peu près au moment où son ancien directeur de la publication était mis en examen pour diffamation.

J’ai quelque peu hésité à prendre sur mon temps pour répondre à M. Leylekian, désormais réduit à faire la manche pour payer ses 8 000 euros de frais d’avocat, et qui peut s’enorgueillir d’avoir ramené le rythme de publication de France-Arménie de deux fois par mois à une fois par mois, par manque de lecteurs et de moyens. Mais il vaut mieux ne pas laisser sans réponse ce genre de mises en cause, d’où qu’elles viennent.


Editos & Tribune libre

Nationalisme arménien, racisme et national-socialisme

Publié le | par Maxime Gauin | Nombre de visite 2492

Depuis 2009, l’article violemment raciste de Laurent Leylekian (ex directeur de la très mal nommée Fédération euro-arménienne pour la justice et la démocratie [FEAJD], ex-directeur du journal France-Arménie) contre les Turcs a été utilisé, par moi et par d’autres, comme argument pour faire comprendre qui est cet individu et dans quelle mouvance politique il s’inscrit. M. Leylekian n’a commencé à réagir qu’en mars 2012, c’est-à-dire après avoir perdu les postes qu’il occupait, et un an après que l’édition électronique de France-Arménie fut fermée sans explication. M. Leylekian nie que cette fermeture ait quelque rapport que ce soit avec ses morceaux de bravoure haineux, mais il ne donne aucune explication alternative. Nous sommes donc priés de le croire sur parole : c’est pure coïncidence si France-Armenie.net a disparu corps et biens à peu près au moment où son ancien directeur de la publication était mis en examen pour diffamation.

J’ai quelque peu hésité à prendre sur mon temps pour répondre à M. Leylekian, désormais réduit à faire la manche pour payer ses 8 000 euros de frais d’avocat, et qui peut s’enorgueillir d’avoir ramené le rythme de publication de France-Arménie de deux fois par mois à une fois par mois, par manque de lecteurs et de moyens. Mais il vaut mieux ne pas laisser sans réponse ce genre de mises en cause, d’où qu’elles viennent.

M. Leylekian, parlant du site Turquie news (où j’écris de temps en temps) :

« il m’honore régulièrement de responsabilités fantaisistes comme celle d’avoir été un "membre dirigeant" ou un "haut responsable" de la FRA Dashnaktsoutioun - une formation où, malheureusement pour la crédibilité de Turquie-news, je n’ai même jamais été encarté. »

M. Leylekian ne peut duper que ceux qui ne connaissent strictement rien à la FRA en Europe. Depuis plus d’un siècle, la FRA se dote, pour agir, de leviers officiels ou non officiels. La FEAJD (qui s’appelait auparavant le Comité de défense de la cause arménienne – Europe [CDCA Europe]) est l’un de ces leviers officiels. La FEAJD est une émanation de la FRA, et aucun des deux intéressés ne le nie.

De même, France-Arménie, qu’il a dirigé, appartient aux dachnaks de Lyon, plus précisément au CDCA de cette ville. (Je rappelle en passant, pour ceux qui se perdraient dans les sigles, que le CDCA a cessé en pratique d’exister au plan national en France depuis 2008 ; la FRA a créé à la place le Bureau français de la cause arménienne, moins fort que ne l’a été son prédécesseur dans les années 1980 et 1990.)

M. Leylekian poursuit :

« Accessoirement, le parti en question - membre de l’Internationale socialiste - est affublé d’épithètes grotesques comme celui de "national-socialiste". On voit que ce n’est ni la compétence, ni les scrupules qui étouffent Turquie-news et ses sbires. »

Il n’y a rien de grotesque, et M. Leylekian le sait aussi bien que moi, à qualifier la FRA de national-socialiste.

Christopher Walker, l’une des deux ou trois personnes qui a le plus fait pour diffuser la qualification de « génocide arménien » en Grande-Bretagne, indique :

« Pour autant, il demeure ce fait incontestable : les relations entre dachnaks et nazis dans les régions occupées [par le Troisième Reich] furent étroites et actives. Le 30 décembre 1941, la Wehrmacht décida de créer un bataillon arménien, connu sous le nom de 812e bataillon. Il était commandé par Dro, formé d’un petit nombre de recrues engagées, et d’un plus grand nombre d’Arméniens sortis des camps de prisonniers de l’est. Initialement, l’effectif s’élevait à 8 000 ; puis il monta à 20 000. Le 812e bataillon opéra en Crimée et dans le nord du Caucase.
Un an plus tard, le 15 décembre 1942, un Conseil national arménien reçut la reconnaissance officielle d’Alfred Rosenberg, le ministre allemand des régions occupées. Le président de ce conseil était le professeur Ardashes Abeghian, son vice-président Abraham Giulkhandanian, et il comptait parmi ses membres Nejdeh et Vahan Papazian [tous membres de la FRA]. À partir de cette date, et jusqu’à la fin de 1944, fut publié un journal hebdomadaire, Armenien, dirigé Viken Shant (le fils de Levon), qui parlait aussi à Radio Berlin. »

Armenia. The Survival of a Nation, deuxième édition revue et corrigée, Londres-New York, Routledge, 1990, p. 357.

Garéguine Nejdeh, mentionné par M. Walker, est le fondateur de l’Armenian Youth Federation (AYF), l’équivalent américain de la FRA Nor Seround, en d’autres termes, le mouvement de jeunesse de la FRA en Amérique du nord. L’AYF s’appelait à l’origine Tzeghagron, ce qui signifie en arménien « religion de la race ».

Selon Nejdeh, « La religion de la race croit dans le sang comme dans une divinité. La race passe avant tout et par-dessus tout. Tout pour la race. » (cité dans John Roy Carlson, « The Armenian Displaced Persons », Armenian Affairs Magazine, I-1, hiver 1949-1950).

Dans la profession de foi de l’organisation de jeunesse, se trouvaient des phrases de ce genre :

« Je connais ma race. Je crois en ma race. J’adore ma race. Je sais que ma race est grande […] et que le Tzeghagron combat pour elle. » (Haïrenik Weekly, 11 janvier 1935).

La section de Boston de l’AYF, l’une des principales, porte le nom de Garéguine Nejdeh. L’AYF n’est pas isolée, puisqu’en France, la section de la FRA Nor Seround à Décines-Charpieu s’appelle Dro.

Un autre auteur très proarménien, Jean-Pierre Alem, écrit :

« Le général Dro (dernier ministre de l’Arménie indépendante) dirigea pratiquement le parti, du Caire puis de Beyrouth, jusqu’à sa mort (8 mars 1956). […]

En France […] pendant l’occupation, le parti Dachnak s’orienta vers la collaboration avec les Allemands […] »

L’Arménie, Paris, Presses universitaires de France, 1959, pp. 95-97.

Le politiste Gaïdz Minassian précise :

« Après la signature du pacte germano-soviétique, Drasdamad Kanayan alias « Dro », également membre du Bureau mondial [de la FRA-Dachnak], qui a conservé des liens avec les Soviétiques, est mandaté pour entrer en contact avec l’Allemagne nazie en cas de guerre en Europe et de défaite des Alliés. […] le Comité national arménien, formé en Allemagne sous la direction d’Ardaches Apeghian, correspondant de l’organe dachnak Drochak à Berlin, invoque une victoire nazie. L’un de ses membres est Karekin Nejteh [Garéguine Nejdeh], ancien héros de la Première guerre mondiale, antisoviétique, fasciste dans les années 1930 et fondateur, aux Etats-Unis en 1933, du mouvement dénommé l’Union des défenseurs de la race [Tzeghagron]. »

« L’Internationale socialiste et les partis socialistes exilés du bloc communiste : le cas de la Fédération révolutionnaire arménienne Dachnaktsoutioun », Revue d’études comparatives Est-Ouest, volume 32, n° 3, 2001, p. 111.

M. Minassian poursuit en expliquant que le résistant Daniel Mayer, secrétaire général de la SFIO (ancêtre du Parti socialiste français) de 1943 à 1946, s’est opposé, avec succès, à ce que la FRA rejoigne l’Internationale socialiste à la fin des années 1940 (elle n’y est revenue qu’un demi-siècle après, profitant de l’ignorance des dirigeants socialistes actuels).

Cet alignement sur le Troisième Reich ne saurait être attribué au seul opportunisme, bien que l’opportunisme, au sens le plus péjoratif du terme, ait caractérisé certains choix de la FRA lors de plusieurs moments importants de son histoire.

La « race aryenne » était une obsession de la FRA bien avant 1933.

Hayastan, organe de la FRA publié à Sofia, écrivait ainsi le 19 août 1914, c’est-à-dire alors qu’aucune mesure particulière n’avait été encore prise à propos des Arméniens, que le ministre des Travaux publics ottoman était un Arménien, Oskan Mardikian, de même que l’ambassadeur ottoman à Londres et le directeur général adjoint de la Banque ottomane, Berç Keresteciyan (Keresteciyan fut promu directeur général en pleine guerre mondiale, et fut député d’Afyon au Parlement turc de 1935 à 1946) :

« La race mongole, funeste et traîtresse [les Turcs], attaque une fois encore, mais avec plus de violence, un des peuples les plus purs et les meilleurs de la race aryenne [les Arméniens] [...]. Ces luttes qui continuent depuis des siècles sous différentes formes ne sont autre que l’assaut d’une nation restée dans les ténèbres contre une autre qui ayant déjà parcouru le cycle des progrès sociaux, s’avance vers la lumière.

Ou nous, ou eux !... Cette lutte ne date ni d’une année ni d’un siècle. La nation arménienne a toujours bravement résisté à cette race qui a eu comme ligne de conduite la trahison et le crime. Le monde doit être débarrassé de ce fléau et, pour le repos et la tranquillité de l’univers, la nation turque doit être supprimée. Nous attendons la tête haute et armés de la foi en la victoire. »

Mikaël Varandian, idéologue de la FRA des années 1900 à sa mort, en 1934, écrivait de même :

« Le contraste est absolu entre l’élément arménien et son milieu ethnographique. Un petit fragment de race indo-européenne, placé entre des peuplades primitives et nomades appartenant à la race touranienne et professant une religion toute différente. De là la grande tragédie de l’histoire arménienne. Les envahisseurs turcs, seldjoukides, mongols, osmanlis, se sont successivement établis sur le sol arménien, en hordes guerrières, qui ne savaient manier que l’épée et le cheval ; ils ont campé durant des siècles en Arménie, comme des corps étrangers, incapables de produire, d’assimiler et de gouverner, uniquement forts dans l’art de consommer, d’asservir et de détruire.

Le plus frappant exemple de cette mentalité de toute une race nous est donné par les Turcs ottomans, qui furent maîtres de la plus grande partie de l’Arménie pendant six siècles. »

L’Arménie et la Question arménienne, Laval, Imprimerie moderne, 1917, pp. 23-24.

La Délégation de la République arménienne, structure dachnak maintenue à Paris même après la chute du gouvernement de la FRA en décembre 1920 (conquête soviétique), écrivit à Raymond Poincaré, président du Conseil des ministres et ministre des Affaires étrangères, le 9 février 1922, une note demandant une Arménie wilsonienne (c’est-à-dire les frontières imaginées par le président Wilson en novembre 1920, à un moment où la République d’Arménie était déjà vaincue par les kémalistes). Parmi les arguments invoqués, celui-ci :

« D’autre part, les Kurdes qui forment la majorité de la population non-arménienne de l’Arménie [Anatolie orientale] ne sont pas, par leur nature même, aussi hostiles qu’on le croit aux Arméniens et ce n’est qu’à l’instigation du gouvernement turc qu’ils ont été amenés à commettre des excès et des crimes contre les populations chrétiennes. La suppression de la domination turque conduirait sûrement à un rapprochement marqué des Arméniens et des Kurdes, tous deux d’origine aryenne, et rendrait possible la vie en commun et l’étroite collaboration de ces deux peuples dans un État indépendant. »

L’argument fut repris dans une note des Délégations arménienne réunies (c’est-à-dire la Délégation de la République arménienne, dachnak, et la Délégation nationale arménienne, ramkavar) envoyée le 20 décembre 1922 aux grandes puissances (France, Royaume-Uni, Italie, États-Unis) pendant la conférence de Lausanne.

Ces deux notes sont consultables librement aux archives du ministère des Affaires étrangères (La Courneuve), salle des microfilms, respectivement dans la bobine P 16676 et P 16677.

Cette idée de la « fraternité aryenne » fut mise en pratique.

« Les dirigeants kurdes [Khoyboun] et arméniens [Dachnak] tentent par ailleurs de convaincre le gouvernement iranien de soutenir la cause kurdo-arménienne au nom de la fraternité aryenne. Les plus grands défenseurs de cette « fraternité aryenne » sont les frères Bedir Khan, du côté kurde, et Roupen Ter Minassian, du côté arménien. L’idée d’une origine commune entre Kurdes et Arméniens n’était pas nouvelle. De même, l’idée de l’origine aryenne des Kurdes avait déjà été émise auparavant. En revanche, le projet d’union politique kurdo-arménienne justifiée par la filiation aryenne commune est un élément idéologique nouveau. En effet, l’objectif final de ces intellectuels est la création d’une “Confédération aryenne” formée par Arméniens et Kurdes. Pour assurer la survie de cette union des membres de la famille aryenne, la Perse est invitée à présider cette confédération.

Le projet de “Confédération aryenne” n’est cependant pas défini dans les détails. En outre, les autorités iraniennes auraient fait allusion aux propositions de Djeladet Bedir Khan déclarant qu’elles étaient “intéressantes mais utopiques”. Le but stratégique de cette démarche commune est évident car le Tachnak et la Ligue Khoyboun cherchent l’appui d’une force étrangère pour aider les rebelles regroupés autour du mont Ararat. […]

Malgré la rupture des relations avec le parti Tachnak, les frères Bedir Khan continuent à clamer l’origine aryenne des Kurdes, en opposition aux Turcs (“Mongoles” ou “Tartares”) dans les brochures de la Ligue Khoyboun comme dans les revues qu’ils éditent. De même, dans la revue officielle du parti Tachnak, Roupen Ter Minassian défend l’union des peuples aryens comme un contrepoids au nationalisme turc avant même la conclusion de l’alliance avec le Khoyboun, ce qui met en évidence un certain engagement intellectuel avec cette idée. »

Jordi Tejel Gorgas, Le Mouvement kurde de Turquie en exil : continuités et discontinuités du nationalisme kurde sous le mandat français en Syrie et au Liban (1925-1946), Berne, Peter Lang, 2007, pp. 227-228.

Cette obsession de la « race aryenne » ne visait pas, loin de là, que les Turcs.

D’après Haïrenik, alors principal journal édité par la branche américaine de la FRA :

« Et vint Adolf Hitler, après des combats dignes d’Hercule. Il parla de la race au cœur vibrant des Allemands, faisant ainsi jaillir la fontaine du génie national. » (Haïrenik, 17 septembre 1936).

« Il est parfois difficile d’éradiquer ces éléments nocifs [les Juifs], quand ils ont contaminé jusqu’à la racine, telle une maladie chronique, et quand il devient nécessaire pour un peuple [en l’occurrence les Allemands, ou plutôt les nazis] de les éliminer par une méthode peu commune, ces tentatives sont considérées comme révolutionnaires. Au cours d’une telle opération chirurgicale, il est naturel que le sang coule. Dans de telles conditions, un dictateur apparaît comme un sauveur. » (Haïrenik, 19 août 1936).

« Les Arméniens ont aidé les Roumains à ne pas devenir les esclaves des Juifs.  » (Haïrenik Weekly, 10 mai 1935 ; — il s’agit d’un commentaire sur le pogrome de Bucarest, qui fit plusieurs centaines de morts).

« Aujourd’hui, l’Allemagne et l’Italie sont fortes parce qu’elles vivent et respirent en termes de race. » (Haïrenik, 16 avril 1936).

« De même que les Britanniques utilisent des navires de guerre pour envahir des pays, les Juifs utilisent l’internationalisme ou le communisme comme des armes. » (Haïrenik, 21 août 1936).

« Et il n’y a pas de quoi être fier du type de Juif importé en Palestine. Leurs mœurs, et d’autres vices qui étaient inconnus des Arabes avant la Déclaration de Belfour, leur place au sommet de toutes les activités communistes, ont été la cause de la plupart des critiques arabes.  » (Haïrenik Weekly, 25 septembre 1936).

À ce sujet, Bernard Lewis indique dans Sémites et antisémites, Paris, Fayard, 1987, que lors du débat qui agita le parti nazi à la fin des années 1930, pour savoir s’il était bien orthodoxe de s’allier avec des mouvements nationalistes arabes (donc plus ou moins sémites), un des arguments des partisans de l’alliance (qui finirent par l’emporter sur l’essentiel) consistait à dire que les Arabes n’étaient plus des Sémites depuis longtemps, ayant été partiellement aryanisés, notamment en se mélangeant… aux Arméniens.

Quoi qu’il en soit, avant de revêtir fièrement l’uniforme du Troisième Reich — avec les conséquences qui peuvent se deviner pour les israélites d’URSS —, les dirigeants dachnaks Dro et Nejdeh avaient massivement pratiqué, en 1918-1921, la purification ethnique contre les Turcs et les Azéris, dans le nord-est anatolien (en vain) et dans le Caucase (victorieusement).

Plus récemment, la FRA a entretenu, de 1972 à 1987, une branche terroriste, les Commandos des justiciers du génocide arménien (appelés, à partir de 1983, Armée révolutionnaire arménienne). L’un des terroristes des CJGA, Hampig Sassounian, membre de la FRA, fut condamné à perpétuité, en 1984, pour l’assassinat du consul général de Turquie à Los Angeles, Kemal Arıkan. Lors du procès, des membres de la famille Sassounian témoignèrent que les Turcs ne sont pas considérés, dans cette famille, comme des êtres humains, mais comme des animaux. Les deux demandes de libération conditionnelles d’Hampig Sassounian ont été rejetées, en 2006 et en 2010, en dépit du soutien frénétique, inconditionnel, de la FRA, y compris en France.

Cette obsession de la « race aryenne » a tué, et tuera peut-être encore dans l’avenir.

La sortie ouvertement raciste de M. Leylekian, en octobre 2009, n’est donc nullement une surprise :

« Alors oui, les “maudits Turcs” restent coupables ; ils restent tous coupables quelle que soient leur bonne volonté, leurs intentions ou leurs actions. Tous, de l’enfant qui vient de naître au vieillard qui va mourir, l’islamiste comme le kémaliste, celui de Sivas comme celui de Konya, le croyant comme l’athée, le membre d’Ergenekon comme Orhan Kemal Cengiz qui est “défenseur des droits de l’homme, avocat et écrivain” et qui travaille pour “le Projet kurde des droits de l’homme”. Aussi irrémédiablement coupables que Caïn, coupables devant les Arméniens, devant eux-mêmes, devant le tribunal de l’Histoire et devant toute l’Humanité. »

Quoi qu’il s’en défende — bien tardivement —, M. Leylekian assène là une fatalité d’ordre biologique (« de l’enfant qui vient de naître au vieillard qui va mourir »), en parfaite continuité avec ce que tant de responsables de la FRA ont dit et répété pendant des décennies, du moins en ce qui concerne les Turcs. Évoquer son « amitié » avec le « Turc » Zarakolu fait au mieux sourire. La réponse est aussi crédible que les dénégations d’un nationaliste palestinien qui, après s’en être pris aux « maudits Juifs », se défendrait de tout antisémitisme en arguant de son « amitié » avec Gilad Atzmon. Sans même parler de son inculpation pour participation au PKK (groupe terroriste qui aime brûler ce qui appartient à des Turcs, coupables d’être seulement nés turcs), M. Zarakolu a fait traduire en turc des ouvrages violemment antiturcs, et il essaie même actuellement de traduire les Mémoires de l’ambassadeur Morgenthau, qui regorgent de passages racistes contre les Turcs, souvent dans les termes les plus outranciers et les plus absurdes (et que Morgenthau a plus signés qu’écrits : une bonne partie du livre a été rédigée par son secrétaire Andonian, apparenté au fameux faussaire Aram Andonian, et par le journaliste Burton J. Hendrick).

La FRA s’est débarrassée d’un Laurent Leylekian devenu par trop encombrant, en raison de son langage devenu assez démodé en Europe, et de sa mise en examen. Elle ne saurait, pour autant, faire oublier son passé à elle, d’autant qu’elle ne le regrette en rien. Les propos de Mourad Franck Papazian, co-président de la FRA pour l’Europe occidentale, ne sont pas moins choquants ni moins gros d’un risque de meurtres que ceux de Laurent Leylekian :

« Chers compatriotes, contre la Turquie, nous allons continuer à nous organiser. Nous organiser pour mieux nous mobiliser. Nous mobiliser pour mieux atteindre nos objectifs. Mieux atteindre nos objectifs pour gagner. Non seulement pour la reconnaissance du génocide mais aussi pour l’édification d’une Arménie libre, indépendante et réunifiée pour que tous ensemble, nous puissions reprendre possession de Van, Mouch, Kars, Sassoun, Bitlis et Erzéroum. »

http://www.ccaf.info/item.php?r=0&id=154

Maxime Gauin


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