L’ONG PRO-SÉPARATISTE "SOS CHRÉTIENS D’ORIENT" PERQUISITIONNÉE POUR DES SOUPÇONS DE COMPLICITÉ DE CRIMES CONTRE L’HUMANITÉ

Source : Paris / La Gazette

L’ONG, dont l’objectif déclaré est de venir en aide aux « chrétiens persécutés » au Moyen-Orient, dans le Caucase et dans l’Europe de l’Est, est soupçonnée d’avoir versé une partie des sommes récoltées en France à des milices pro-Bachar al-Assad coupables de crimes contre l’humanité.

Elle fut, et continue de l’être, l’un des soutiens les plus actifs aux séparatistes du Karabakh. Ne manquant pas une occasion de s’en prendre à l’Azerbaïdjan, présenté comme un pays musulman en guerre civilisationnelle contre l’Arménie chrétienne, l’association déclarait le 18 septembre dernier, dans un communiqué en press, en parlant du Haut-Karabakh : « Cette province arménienne, a été « azérisée » : les villes ont été rebaptisées, certaines églises transformées en mosquées, le patrimoine endommagé… L’histoire arménienne est niée ou revisitée. »

Une semaine plus tard, ses locaux étaient perquisitionnés par la police française.

SOS chrétiens d’orient a été fondée par deux militants catholiques d’extrême droite, Benjamin Blanchard, ancien chroniqueur de Radio Courtoise, et Charles de Meyer, un maurrassien et un militant du Printemps français.

Ce n’est pas la première fois que l’association, proche de Philippe de Villiers, Eric Zemmour et Robert Ménard, est accusée de relations coupables avec Bachar el Assad et son régime. En 2020, Mediapart révélait les « liaisons dangereuses de SOS Chrétiens d’Orient avec les milices d’Assad ». Une association pourtant en quête de respectabilité qui s’était même vu attribuer, en 2017, la qualité de « partenaire de la défense nationale » par un arrêté signé de la main du ministre de la Défense, Jean-Yves Le Drian.

Depuis, le dénigrement de l’Azerbaïdjan et la défense de la république autoproclamée d’ « Artsakh », sont devenu les fers de lance de l’action de l’ONG.

Benjamin Blanchard déclarait, après la libération de Khandendi : « Pour la population arménienne d’Artsakh, le choix était simple : la valise ou le cercueil. Ainsi, la totalité de la population arménienne de l’Artsakh, hommes, femmes, enfants, prend la route de l’exode pour rejoindre l’Arménie. SOS Chrétiens d’Orient a alors immédiatement ouvert une mission d’urgence pour accueillir ces déplacés, ayant du tout abandonner derrière eux » ne oubliant naturellement les nettoyage ethnique subi par les 350 000 azéris d’Arménie en 1987, ainsi que le million de déplacés internes azerbaïdjanais expulsés de leurs terres, et les villes du Karabakh totalement détruites, pendant les 30 ans d’occupation arménienne, de même que le million de mines terrestres qui continuent à faire des victimes.

Il faut dire que l’association s’appuie ouvertement sur l’extrême droite catho intégriste, qui voit, dans tout ce qui touche, de près ou de loin, à l’islam, une sorte d’incarnation de l’antéchrist ! Le 25 novembre 2020, alors que le Sénat français s’apprêtait à reconnaître unilatéralement la république du Haut-Karabakh, le sénateur Rassemblement National Stéphane Ravier livrait un vibrant hommage à SOS Chrétiens d’Orient : « Héroïsme, bravoure, solidarité, de jeunes Français aussi en font preuve, tous bénévoles au sein de l’association SOS Chrétiens d’Orient et qui, sur place, apportent aide et réconfort aux réfugiés de l’intérieur. Grâce à eux, la flamme française ne s’est pas tout à fait éteinte. » Le fanatisme en marche.

Et même après la réunion de Washington, le directeur général de SOS chrétiens d’orient, reprenant à son compte la fable de la présence millénaire des Arméniens dans la région, se posait une question existentielle : « l’Azerbaïdjan exigeait jusque-là une modification de la constitution arménienne, ce qui aurait eu pour conséquence pour l’Arménie de reconnaître officiellement le Haut-Karabakh comme appartenant à l’Azerbaïdjan. Aliyev renoncerait-il à cette demande ? Y renoncera-t-il pour toujours ? ». Surréaliste.

Mais aujourd’hui, la réalité rattrape l’organisation.

Le Parquet national antiterroriste a procédé, entre mardi 23 et jeudi 25 septembre, à une perquisition dans les locaux de SOS Chrétiens d’Orient dans le cadre des investigations menées depuis fin 2020 en France pour complicité de crimes contre l’humanité et de crimes de guerre commis en Syrie. L’enquête est menée par l’Office central de lutte contre les crimes contre l’humanité, les génocides et les crimes de guerre (OCLCH).

Les gendarmes de l’OCLCH ont perquisitionné les bureaux de l’association situés à Boulogne-Billancourt, Courbevoie et Paris. Selon Mediapart et France Info, l’enquête viserait à déterminer si l’ONG a versé une partie des fonds qu’elle récolte aux Forces de défense nationale (NDF), des milices pro-Bachar al-Assad accusées par des ONG syriennes d’avoir pillé des villages, bombardé des civils et entraîné des enfants au combat en Syrie.

Les gendarmes sont repartis avec du matériel informatique et des livres de compte, notamment. Une fois saisies, les données de tout ce matériel, dont certaines ont dû être traduites de l’arabe, seront exploitées par les enquêteurs ces prochaines semaines. Durant ces journées de perquisition, les enquêteurs ont entendu, en tant que témoins, des membres du bureau de l’association et d’anciens missionnaires.

Selon les informations de France Info, d’autres perquisitions en lien avec cette enquête ont été menées en même temps en Ille-et-Vilaine, à Redon, dans la société Ad Litteram. Les enquêteurs veulent savoir si c’est via cette société que l’association SOS Chrétiens a récolté des dons suspects. Un certain Tristan Mordrelle, proche des milieux d’extrême droite, est à la tête d’Ad Litteram. C’est lui qui était visé par cette perquisition. Les gendarmes se sont également rendus dans une autre société à Saint-Jacques-de-la-Lande (Ille-et-Villaine), ainsi qu’en région parisienne, dans l’Essonne.