19 avril 2024

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100e anniverssaire de la république de Turquie

Reportage

Imanol Corcostegui, à Istanbul, Bursa et Antalya


Sport

FORT COMME LE FOOT TURC (2/3)

Publié le | par Hakan | Nombre de visite 720
FORT COMME LE FOOT TURC (2/3)

Vendredi 6 octobre le magasine l’Equipe à consacrée 15 pages sur le championnat turc. Turquie-news a décidé de vous présenter quelques extrait.

BAFÉ GOMIS, JÉRÉMY MÉNEZ, YOUNÈS BELHANDA, MATHIEU VALBUENA, SAMIR NASRI... LES ANCIENS DE L1 N’ONT JAMAIS ÉTÉ AUSSI NOMBREUX EN SÜPER LIG TURQUE, QUI RÉUNIT FOLLE PASSION ET GROS MOYENS FINANCIERS. ET POUR L’INSTANT, ILS NE REGRETTENT PAS LE VOYAGE.

Un supporter Fenerbahçe
Un supporter Fenerbahçe

VALBUENA DANS LE BRASIER DU DERBY (Fenerbahçe-Besiktas 2-1)

Une balade avec Pascal Nouma dans le quartier de Besiktas, sur la rive occidentale au coeur d’Istanbul, revient à marcher avec Dieu au milieu d’un cortège de fidèles en transe. Chemise cintrée, jeans perlé de fausses taches, le Français tente de percer la foule, distribue des billets aux gamins vêtus de loques qui s’accrochent à ses genoux, répète des « tamam, tamam » (tout va bien) en enchaînant les selfies. Un chauffeur de taxi passe sa tête par la vitre : « Pascal, emmène-nous en boîte de nuit ! » Grâce à ses buts, sa combativité et ses frasques (une expulsion du pays pour avoir mis la main dans son short après avoir marqué), l’ancien attaquant de Besiktas (20002001 puis 2002-2003), 45 ans, a été la première vedette française du Championnat turc, l’idole éternelle des supporters

VALBUENA EN PASSE DECISSIVE
VALBUENA EN PASSE DECISSIVE

« En 2002, quand ils ont appris ma maladie (un cancer alors qu’il venait de signer à l’OM), les fans de Besiktas ont cassé le siège social du club pour que je revienne mourir ici, dit-il, ému, en avalant un kebab dans un restaurant où il s’est réfugié. Je leur dois tout. Dans ce pays, les supporters sont une vague qui t’emmène n’importe où tant que tu sais la surfer. » Cet été, l’ancien footballeur s’est improvisé ambassadeur de la Süper Lig, sollicité par les agents et les managers de clubs pour rassurer les joueurs français dragués par les équipes turques. « Je leur ai expliqué qu’ils allaient se régaler dans l’amour du football. Il y a dix-sept ans, pourtant, personne ne me croyait... » Son éclat de rire est interrompu par un badaud surmontant ses tremblements pour lui demander une photo. « Et je leur ai dit qu’ils allaient vivre dans des résidences super sécurisées », ajoute-t-il. À Istanbul, certains Français occupent de belles maisons près du centre d’entraînement de Galatasaray, tout à l’ouest de la ville ; d’autres ont opté pour le quartier très cossu de Gokturk, au nord, l’équivalent de Neuilly pour Paris.

23 SEPTEMBRE, JOUR DE DERBY. LA RENCONTRE ENTRE LES VOISINS STAMBOULIOTES SE SOLDERA PAR LA VICTOIRE DU FENER (2-1) MAIS AUSSI PAR 5 ROUGES ET 12 JAUNES

« C’ÉTAIT VRAIMENT CHAUD. QUELLE ÉLECTRICITÉ ! C’EST POUR VIVRE DE TELLES ÉMOTIONS QUE J’AI SIGNÉ ICI  »Mathieu Valbuena

Le lendemain, dès le début d’après-midi, Besiktas bouillonne. Jour de derby, le tout premier de la saison. Place de l’Aigle, devant les murs tagués du A d’anarchie, des membres de Çarsi, le principal groupe de supporters du club, chantent à pleins poumons en brûlant de faux billets de banque : « C’est facile d’acheter le Championnat quand on est Galatasaray ou Fenerbahçe ! » Dans ce coin d’Istanbul résonnent l’insolence et la contestation politique.

PASCAL NOUMA A JOUÉ À BESIKTAS AU DÉBUT DES ANNÉES 2000. RETRAITÉ, IL A CHOISI DE RETOURNER VIVRE EN TURQUIE. ICI, PERSONNE NE L’A OUBLIÉ. IMPOSSIBLE POUR LUI DE SE PROMENER INCOGNITO DANS LES RUES DU QUARTIER

Opposé au durcissement du régime islamo-conservateur du président Erdogan, Çarsi a combattu l’instauration en 2013 du Passolig, ce système qui oblige à posséder une carte électronique contenant des informations personnelles pour entrer dans les stades. Officiellement destiné à lutter contre la violence, le Passolig, longtemps boycotté par les ultras, a fait chuter les affluences, qui remontent toutefois depuis le début de la saison. « C’est de la bêtise, du fichage ! La liberté d’expression n’existe plus dans ce pays », clame Mustafa, 50ans.

Ce soir, le match se joue à Fenerbahçe, de l’autre côté du Bosphore, sur la rive orientale de la ville. Sur le ponton des ferries, les supporters de Besiktas brandissent fièrement leurs écharpes tandis qu’à l’intérieur, des fans du Fener sortent leur tenue planquée dans les sacs à dos. Sur la route du stade, des litres d’Efes (la bière locale), d’ayran (une boisson à base de yaourt) et de raki (une eau-de-vie à l’anis) remplissent les ventres. Le nom de Mathieu Valbuena, recrue phare du mercato estival de Fenerbahçe, décore les dos. « C’est notre nouveau roi, le patron de l’équipe qui impulse toutes les actions offensives », apprécie Murat, 40ans.

Dans l’enceinte, remplie par 50 000 spectateurs, s’offre plus qu’un match de football. Un spectacle son et lumière. Les tifos s’étendent sur les deux anneaux des tribunes pour faire apparaître un soldat aux couleurs du club, une marée humaine jaune et noir tangue de droite à gauche, le supporter debout tout là-haut crie aussi fort que celui du premier rang. Quand l’adversaire a le ballon, les sifflets, stridents comme une alarme, ressemblent à des lames qui chatouillent les tympans. Les transpercent même, lorsque Caner Erkin, ancien du Fener passé à Besiktas, s’approche de la balle. Une pluie de bouteilles et de piles s’abat près du tireur de corner, protégé par les boucliers en plexiglas de la police.

Sur le terrain, le match remplit le cahier des charges d’un derby stambouliote : 5 cartons rouges, 12 jaunes, 2 penalties, des tacles en retard et des fautes incessantes... Un autre sport, sans tactique ni fair-play. Porté par un Valbuena à la hauteur du combat, Fenerbahçe s’impose 2-1. Depuis les entrailles du stade, l’ancien Lyonnais a du mal à redescendre sur terre : « Wahou, c’était vraiment chaud. J’en ai joué des matches, mais là, c’était quelque chose. Quelle électricité ! Quelle ambiance de folie ! C’est pour vivre de telles émotions que j’ai signé ici. »

Par Imanol Corcostegui

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