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Histoire

Guerres balkaniques (1912-1913) : les atrocités grecques racontées par les soldats grecs eux-mêmes

Publié le | par SibiryaKurdu | Nombre de visite 643
Guerres balkaniques (1912-1913) : les atrocités grecques racontées par les soldats grecs eux-mêmes

Guerres balkaniques (1912-1913)

Les effroyables atrocités grecques, d’après les lettres des soldats grecs eux-mêmes

Daniel Lefeuvre, Pour en finir avec la repentance coloniale, Paris, Flammarion, 2008, p. 88-91 :

"En 1912-1913, les Balkans s’enflamment pour la deuxième fois depuis le début du siècle. Le 17 octobre 1912, la Serbie, la Grèce et la Bulgarie engagent les hostilités contre l’Empire ottoman. En trois semaines, les alliés occupent la Macédoine tandis que l’armée bulgare est aux portes de Constantinople. Le 3 décembre, le gouvernement ottoman demande l’armistice et le 30 mai 1913, le traité de Londres contraint les Turcs à céder toute la partie européenne de l’empire, à l’exception d’une portion de la Thrace. Moins d’un mois plus tard, la guerre reprend à propos du partage de la Macédoine. Le 25 juin 1913, la Bulgarie attaque ses alliés de la veille auxquels la Roumanie vient prêter main-forte. Menacée d’écrasement, la Bulgarie sollicite la paix qui est rétablie par le traité de Bucarest du 10 août.

Dans les mois qui suivent, la Dotation Carnegie pour la paix internationale diligente une enquête, destinée à vérifier si les dispositions des Conventions de La Haye ont bien été respectées par les belligérants. Quelles sont ces dispositions ?

L’article 4 de la convention impose de traiter « avec humanité » les prisonniers de guerre. L’article 21 renvoie à la Convention de Genève du 22 août 1864, sur la protection et les soins à accorder aux blessés et aux malades. L’article 23 interdit « d’employer des armes, des projectiles ou des matières propres à causer des maux superflus » et « de détruire ou de saisir des propriétés ennemies ». L’article 25 proscrit le bombardement « des villes, villages, habitations ou bâtiments qui ne sont pas défendus », l’article 28 « de livrer au pillage même une ville ou localité prise d’assaut ». Dans les territoires occupés (article 46), « l’honneur et les droits de la famille, la vie des individus et la propriété privée, ainsi que les convictions religieuses et l’exercice des cultes, doivent être respectés. La propriété privée ne peut pas être confisquée », tandis que l’article 47 interdit « formellement » le pillage.

Le rapport des enquêteurs de la Dotation, rendu public en 1914, est effrayant : « Il n’y a pas dans le droit international une clause relative à la guerre sur terre et au traitement des blessés qui, dans une mesure plus ou moins grande, n’ait été violée par tous les belligérants [...] malgré l’existence d’une convention internationale qu’ils ont tous signée et qui n’est autre que la Convention internationale concernant les lois et coutumes de guerre sur terre et l’Annexe qui l’accompagne, élaborées l’une et l’autre après la seconde conférence de La Haye, en 1907 [qui] est restée inconnue des armées balkaniques en général, à l’exception, peut-être, de quelques officiers isolés. »

Les témoignages recueillis et les documents réunis sont accablants. Pour notre édification sur la manière dont les Européens se font la guerre entre eux, à peine séchée l’encre des conventions internationales qu’ils ont négociées et ratifiées, voici quelques extraits de lettres de soldats grecs, qui pourraient tout aussi bien avoir été écrites par des Bulgares ou des Serbes.

Spiliotopoulos Philippes note, le 11 juillet 1913 : « Nous avons incendié tous les villages abandonnés par les Bulgares [...]. Sur les 1 200 prisonniers que nous avons faits à Nigrita, il n’en est resté que 41 dans les prisons. » Nicos Théophilatos, le 11 juillet 1913 : « On m’a donné 16 prisonniers pour les remettre à la division et je n’en ai amené que 2 seulement. Les autres ont été mangés par les ténèbres, massacrés par moi. » N. Zevras, le 12 juillet : « Nous avons violé toutes les jeunes filles rencontrées. » S.Z. Kaliyanis, le 13 juillet : « Nous incendions tous les villages bulgares que nous occupons et nous tuons tous les Bulgares qui nous tombent dans les mains. » Anastase Ath. Patros, le 14 : « Cher cousin, nous brûlons ici des villages et nous tuons des Bulgares, femmes et enfants. » "

Lien/Source : Hellenologie


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