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Culture

L’âge d’or des séries turques dans le monde

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L'âge d'or des séries turques dans le monde

L’âge d’or des séries turques dans le monde

Avec ; Le Figaro

Par Reyhan Atay Publié le 08/02/2018 à 09:00

C’est Byzance pour les feuilletons turcs ! Ils enchaînent les succès depuis une dizaine d’années et se vendent dans le monde.

Décryptage de ces productions « Istanbulywood ».

« L’américanisation du monde n’est pas près de s’arrêter », prophétisait le Wall Street Journal. Même si aujourd’hui l’hégémonie télévisuelle des États-Unis est une réalité, un nouvel acteur, la Turquie semble pouvoir la contester. Selon une étude Eurodata, 36% des séries importées sont américaines tandis que la Turquie est derrière, avec 32%. « Les feuilletons turcs s’exportent aujourd’hui dans plus de 140 pays. La valeur de leurs exportations est passée de 10 à 300 millions de dollars entre 2008 et 2016. Et d’ici 2023 [année du centenaire de la République NDR], nous espérons générer 2 milliards de dollars via l’export de produits culturels », observe Güven Uçkan, vice-président de l’Assemblée des exportateurs de Turquie.

Du Moyen-Orient en Amérique latine

Tout commence en 2008 dans les pays arabes avec la diffusion de Noor, un soap à l’eau de rose dans lequel les curseurs de l’émotion sont au maximum.

L’éphèbe Kivanç Tatlitug, le Brad Pitt turc, et la plantureuse Songül Öden sont devenus les idoles que le public vénère.

Résultat ? La série a acquis une aura internationale spectaculaire avec un finale suivi par 85 millions de téléspectateurs, augurant des succès des séries made in Turkey.
D’après une étude d’Euronews menée dans seize pays arabes, 74% de leur population regarde au moins une série turque.
Pourquoi un tel engouement ? « En explorant des thèmes comme l’égalité entre hommes et femmes ou le travail féminin, en abordant des tabous, tels les enfants nés hors mariage, ces feuilletons montrent que l’ouverture est compatible avec les valeurs islamiques traditionnelles.
Ces séries apportent un bol d’air à des millions de fans arabes. Pour ces pays-là, la Turquie est un peu l’Occident, les héroïnes turques favorisent l’émancipation de la femme », explique la sociologue Ipek Mercil.

Des Balkans en passant par l’Amérique latine, pourtant berceau de la telenovela, tout le monde s’arrache ces productions.
« Le casting a des points communs avec celui du Brésil ou de la Colombie, il est très séduisant, et les extérieurs exotiques mettent en valeur la production », relève Francisco Villanueva, vice-président du distributeur de Miami Somos Distribution. Même les États-Unis se laissent séduire et réalise un remake comme Game of silence (Suskunlar, titre original, NDR) diffusé sur NBC ou le thriller The End, acheté par la Fox et Netflix, qui lancera bientôt sa première série originale turque. Et, du côté français, « Canal+ a obtenu les droits de diffusion des séries Black Money Love et 20 Minutes », confie Ahmet Ziyalar, directeur des opérations de la société de distribution Intermedya.

L’Empire ottoman inspire Hollywood

Autre thème en vogue, les sagas historiques sous l’Empire ottoman. La Turquie revendique son passé impérial avec exigence. Ambition forte récompensée par les records d’audience du Siècle magnifique, vendue dans 86 pays. Ce nouveau genre a prouvé sa capacité à embrasser une large palette : Hollywood prévoit l’adaptation en série du roman de Jason Goodwin Le Complot des Janissaires, dont le scénario est confié à Stephen Thompson (de la série Sherlock).

Les productions turques sont à l’âge d’or, mais le plus dur sera de s’y maintenir. Alors, face à l’artillerie américaine, la Turquie s’allie aujourd’hui avec la Russie. Lors du 4e Forum mondial sur le dialogue interculturel, qui s’est déroulé à Bakou (Azerbaïdjan), les ministres de la Culture des deux pays ont annoncé « la coproduction d’une adaptation télé d’une œuvre du célèbre auteur russe Anton Tchekov ».

Épisodes de 120 minutes

La Turquie produit à un rythme stakhanoviste, soit 50 à 60 séries à l’année. Selon le rapport du cabinet Deloitte, 60% des séries durent 90 ou 120 minutes. Ce rythme forcené, qui demande aux équipes un travail quotidien de seize heures, a nourri la grogne du secteur, qui déplore « des conditions de travail dégradées ».

Reyhan Atay journaliste au FIGARO


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