Syrie : l’alliance Russie-Iran-Turquie est plus fragile que jamais
Ulcérée par l’offensive menée par le régime de Damas dans la région d’Idlib (nord-ouest de la Syrie), la Turquie a convoqué, mardi 9 janvier, les ambassadeurs d’Iran et de Russie au ministère des affaires étrangères, à Ankara. Il s’agissait de leur dire l’« embarras » turc face à la « violation des frontières de la zone de désescalade d’Idlib » telle qu’elle avait été définie au printemps 2017, lors d’un accord tripartite à Astana (Kazakhstan). Les deux diplomates ont été priés de demander à leurs pays respectifs de faire pression sur Damas pour en finir avec les opérations militaires à Idlib.
Depuis octobre, le régime syrien mène, avec l’appui de l’aviation russe, une offensive dans le sud-est de la province. Sous le contrôle d’une multitude de groupes rebelles dominés par l’ex-Front Al-Nosra (filiale syrienne d’Al-Qaida), la région d’Idlib abrite 2,6 millions de personnes, dont plus d’un million de déplacés en raison du conflit. Forte du soutien militaire de ses alliés russe et iranien, l’armée de Bachar Al-Assad a conquis une centaine de villages de la province et cherche désormais à prendre le contrôle de la route qui relie Damas à Alep, ainsi que de la base d’Abou Al-Douhour, tenue par les rebelles. Les opérations militaires ont jeté des milliers de civils sur les routes, toujours plus près de la frontière turque. Or, la Turquie, qui héberge déjà 3 millions de réfugiés syriens, ne veut pas d’un nouvel afflux, quand bien même sa frontière est fermée à double tour.
« Sous le couvert de la lutte contre Al-Nosra, les forces du régime frappent aussi les rebelles modérés, a déploré, mardi, le chef de la diplomatie turque, Mevlüt Çavusoglu, non sans mettre en garde l’allié russe. Cette attitude pourrait saboter le processus de règlement politique » du conflit.
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