Le Mirâj Nâmeh, l’art Turc et l’origine des cinq prières
La planche ci-dessus est tirée du Mirâj Nâmeh, qui provient d’un manuscrit turc, de Mir Haydar de Hérât qui est daté de 1436. Elle représente le prophète Moïse/Musa discutant avec le prophète Muhammed après sa rencontre avec Dieu. On retrouve sur la planche trois langues : l’arabe, le persan et l’ouïgour. Le dessin est lui de style timouride.
Le manuscrit était destiné au fils de Tamerlan, Shahrokh souverain du Khorassan.
Selon la tradition, une fois le septième ciel atteint, le prophète de l’Islam arrive devant Dieu, apogée du voyage nocturne, et apprend de lui le nombre de prières quotidiennes à effectuer, celles-ci s’élevant à cinquante. Prenant congé Muhammed redescend au sixième ciel, où il prend le temps de discuter avec Moïse. Celui-ci lui conseille de solliciter Dieu pour qu’il abaisse le nombre de prière, ce que fait le prophète. Il obtient de Dieu un abaissement du nombre de prière, passant de cinquante à quarante-cinq prières quotidiennes. Revenant devant son prédécesseur il lui annonce la nouvelle. Le prophète des fils d’Israël n’est pas satisfait et pousse son successeur à continuer jusqu’à atteindre cinq prières quotidiennes. Une fois ce chiffre atteint Dieu accorda à son messager une grâce supplémentaire en comptabilisant les cinq prières quotidiennes comme étant cinquante.
Cependant il faut noter que le Coran ne prescrit que trois prières qui sont les suivantes :
– Salat-el Fecri (24:58 ; 11:114).
– Salat-el İşa’ (24:58 ; 17:78 ; 11:114 ; 38:32)
– Salat-el Vusta (2:238)
Les cinq prières ne sont pas canoniques et relèvent donc de la tradition.
L’histoire des cinq prières est-elle inspirée d’un épisode biblique : l’intercession d’Abraham. Dans ce récit Dieu annonce à Abraham la destruction prochaine de Sodome et Gomorrhe, celui-ci inquiet pour Lot, demande à Dieu de ne pas entreprendre ce projet. Après une longue conversation il convainc Dieu de ne pas détruire les deux villes s’il y trouve cinquante justes. Mais Abraham ne s’arrête pas là et réussi à abaisser ce chiffre à dix justes. [1]
Le Coran donne sa version de la discussion qui se déroule entre Abraham et les deux envoyés de Dieu qui est la suivante : malgré tous ses efforts, Abraham intercèdera en vain pour le peuple de Lot, Dieu ne revenant pas sur une décision. [2]
On constate à travers cet exemple l’inspiration des intellectuels sunnites, qui ont comme référence les textes fondateurs de la religion juive et délaissent leur propre texte, ce qui mène la pratique religieuse à n’être qu’un patchwork de traditions extérieures à l’islam et au Coran. Cette situation créant une opposition entre la théorie et la pratique de la religion musulmane.
Par : Abdullah Günaçar