19 avril 2024

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Jean-Marc « Ara » Toranian est de nouveau renvoyé devant le tribunal de grande instance de Paris

Publié le | par Maxime Gauin | Nombre de visite 2307

Et de trois. Par ordonnance datée du 23 mai (et reçue par mon cabinet d’avocats le 26), la juge d’instruction chargée de la plainte déposée le 9 janvier 2015 contre Jean-Marc « Ara » Toranian, directeur des Nouvelles d’Arménie magazine, a renvoyé le mis en examen devant le tribunal de grande instance de Paris :
« Le juge d’instruction
à
M. GAUIN Maxime
Chez Me MAISONNEUVE Patrick
232 Boulevard Saint-Germain 75 007 PARIS
[…]
Attendu qu’il résulte de l’information [judiciaire] charges suffisantes contre
TORANIAN Jean-Marc [dit Ara]
1) D’avoir, à Paris et sur l’ensemble du territoire national, le 3 novembre 2014, et depuis temps non couvert par la prescription, commis une diffamation publique envers un particulier, pour être le directeur de publication du site www.armenews.com, à raison de la publication d’un article intitulé “Que faire du polémiste Gauin ?”, rédigé par lui-même, contenant les propos suivants :
“Dans cette diatribe, cosignée par un dénommé Murinson, le pamphlétaire anti-arménien tente à nouveau de noircir l’image de l’Arménie en lançant à son encontre une accusation publique d’antisémitisme. Ce qui est la moindre des choses quand on s’adresse à des Israéliens… Gageons que s’il devait écrire dans un journal palestinien, il trouverait dans l’histoire ou l’actualité arménienne de quoi soutenir la thèse inverse, à l’instar d’Erdoğan, qui n’a pas hésité à suggérer l’existence d’un complot cosmopolite mondial pour expliquer la crise financière en Turquie.”
“Plus préoccupant est le fait qu’un journal comme Haaretz, sérieux, ait pu servir de support à un texte signé par un individu dont l’un des principaux titres de gloire est de défendre les thèses négationnistes de la Turquie sur le génocide arménien.”
Ces propos comportant des allégations susceptibles de porter atteinte à l’honneur et à la considération de Maxime Gauin.
Faits prévus et réprimés par les articles 23 alinéa 1 (concernant la publicité), 29 alinéa 1, 32 alinéa 1 de la loi du 29 juillet 1881.
2) D’avoir, à Paris et sur l’ensemble du territoire national, le 3 novembre 2014, et depuis temps non couvert par la prescription, commis une injure publique envers un particulier, pour être le directeur de publication du site www.armenews.com, à raison de la publication d’un article intitulé “Que faire du polémiste Gauin ?”, rédigé par lui-même, contenant les propos suivants :
“On ne peut évacuer par principe l’option de le dénoncer plus systématiquement au motif que ce serait entrer dans son jeu. En butte à un dilemme assez comparable avec Faurisson, nos amis de la communauté juive de France ont choisi d’être plus offensifs.”
contenant une expression outrageante, un terme de mépris ou une invective, ne renfermant l’imputation d’aucun fait, envers Maxime GAUIN.
Faits prévus et réprimés par les articles 23 alinéa 1, 29 alinéa 2, 33 alinéa 2, de la loi du 29 juillet 1881.
PAR CES MOTIFS
ORDONNONS
le renvoi de l’affaire devant le tribunal correctionnel pour y être jugé conformément à la loi. »
Il était évident — il aurait dû être évident, aux yeux de M. Toranian — que je n’allais pas me laisser comparer à Robert Faurisson, qui est un faussaire de l’histoire et un antisémite, comme en témoignent l’analyse de ses textes sur les chambres à gaz [1], de sa biographie même [2], et ses condamnations pour contestation de crime contre l’humanité, diffamation publique envers un particulier, diffamation raciale et procédure abusive. Il était non moins évident que je n’allais pas tolérer l’usage diffamatoire du terme « négationniste » ou une spéculation aussi abominable que gratuite sur ce que je pourrais dire, le cas échéant, « dans un journal palestinien ». M. Toranian a dû être étonné. En tout cas, il n’a commenté publiquement, à ce jour, ni le dépôt de ma plainte, ni sa mise en examen dans cette affaire (qui remonte au 14 décembre dernier), ni l’ordonnance de renvoi.
Remarquons à cet égard que, dans l’autre procédure que j’ai engagée contre lui, et pour laquelle le procès a été fixé au 17 mars 2017, Jean-Marc « Ara » Toranian n’a pas annoncé, dans le délai requis par la loi, une offre de preuve — ce qui limite ses moyens de défense à la seule bonne foi. Il n’a pas davantage annoncé de témoins. Nous verrons bientôt s’il en va de même cette fois-ci, ou si la stratégie change — auquel cas, la partie civile attendra de pied ferme les éventuels témoins de la défense : comme ils doivent s’en douter, ce sera bien plus rude encore qu’au procès Gauin c. Nissanian, à Lyon, en 2010, et au procès Oran c. Leylekian, à Paris, en 2013, où, déjà, ces témoins n’avaient pas passé un moment très agréable.
Une précision pour finir : la plainte du 9 janvier 2015, contre M. Toranian, visait aussi la directrice de la publication du site du collectif VAN, Tatévik Ghaltakhchian-Idjévan, pour avoir reproduit l’éditorial en question ; or, cette personne, citoyenne de la République d’Arménie et résidant à Erevan (alors que le collectif VAN est une association enregistrée en préfecture des Hauts-de-Seine, créée par des citoyens français), n’a pas daigné se rendre à la convocation de la juge d’instruction, laquelle a renoncé à mettre en examen Mme Ghaltakhchian-Idjévan, car il n’existe pas de mandat d’arrêt en matière de presse. Néanmoins, à la fin de 2015, c’est-à-dire après l’ouverture de l’information judiciaire, en septembre dernier, le site de cette association a supprimé (et remplacé par des points de suspension entre crochets) les termes « avec Faurisson », « signé par un individu dont l’un des principaux titres de gloire est de défendre les thèses négationnistes de la Turquie sur le génocide arménien » ainsi que la phrase : « Gageons que s’il devait écrire dans un journal palestinien, il trouverait dans l’histoire ou l’actualité arménienne de quoi soutenir la thèse inverse, à l’instar d’Erdoğan, qui n’a pas hésité à suggérer l’existence d’un complot cosmopolite mondial pour expliquer la crise financière en Turquie. » Si je ne m’abuse, c’est la première fois qu’une personne mise en cause par le collectif VAN parvient ainsi à leur faire baisser la tête.
Quoi qu’il en soit, au cas — relativement peu probable — où un article de ce genre paraîtrait à nouveau sur le site de cette association, je demanderais à Me Patrick Maisonneuve de rédiger, non pas une plainte avec constitution de partie civile, mais une citation directe, contre Mme Ghaltakhchian-Idjévan bien entendu, mais aussi, comme civilement responsables, le collectif VAN lui-même et sa présidente, Séta Papazian, qui habite, elle, dans les Hauts-de-Seine. Comme j’en suis à quatre procédures de presse (un procès gagné à Lyon, il y a six ans, et trois procédures en cours), cet avertissement sera, je l’espère, entendu.

Maxime Gauin


[1Nadine Fresco, « Les redresseurs de morts », Les Temps modernes, juin 1980 ; Jean-Claude Pressac, « Pour en finir avec les négateurs », L’Histoire, juin 1992 ; Georges Wellers, « Abondance de preuves », Le Monde, 29 décembre 1978, et, du même auteur, Les Chambres à gaz ont existé, Paris, Gallimard, 1981.

[2Valérie Igounet, Robert Faurisson, portrait d’un négationniste, Paris, Denoël, 2012.

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