23 avril 2024

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Taner Akçam répond par un cri de rage à la critique universitaire

Publié le | par Maxime Gauin | Nombre de visite 1970
Taner Akçam répond par un cri de rage à la critique universitaire

Après plus de trois semaines de silence, le sociologue allemand Taner Akçam a finalement « répondu » (si l’on peut dire) à mon analyse de son livre The Young Turks’ Crime against Humanity, longue de dix-sept pages et parue dans le Journal of Muslim Minority Affairs, revue universitaire publiée à Londres par le grand éditeur Routledge. Dans un article paru dans le quotidien d’extrême gauche Taraf (23 avril 2015), M. Akçam réagit à ma critique sans avoir le courage de me nommer — pour des raisons qui vont devenir évidentes à l’instant. Que réplique-t-il sur le fond ? Absolument rien. Il écrit que je suis un malade mental, souffrant de paranoïa. Ben voyons : le sociologue s’était déjà fait historien, il se fait désormais psychiatre, avec la même absence de pertinence. Il joue les victimes — son rôle préféré — en disant que des consulats turcs diffusent mon article. Et alors ? Ils font bien ce qu’ils veulent. Je ne leur ai rien demandé, de même qu’ils ne m’ont rien demandé à propos de la rédaction de mon article ; tout ce cirque n’a pour but que d’esquiver le débat sur le fond.

Car l’heure est grave : M. Akçam a été contesté bien des fois, depuis 2006 au moins (pour une liste non exhaustive de sept cas, voir ma réplique à Étienne Copeaux), mais personne n’avait fait de critique véritablement systématique, et la circulation des articles ou passages de livres contestant ses manipulations de sources et ses erreurs factuelles demeurait limitée. Plus rien de tel avec ce que j’ai publié dans le Journal of Muslim Minority Affairs : j’ai démonté l’ensemble des « preuves » principales en montrant, citations à l’appui, les manipulations de documents authentiques (allant jusqu’à l’inversion de sens pure et simple), l’usage de faux (tels que les « documents Andonian » et les « Dix commandements » attribués au Comité Union et progrès) et d’affirmations incorrectes (sur la distribution de nourriture et d’argent aux Arméniens déplacés), ainsi que l’occultation de faits gênants (comme l’échec de l’enquête britannique sur 144 ex-dignitaires ottomans internés à Malte) ; puis l’article a été massivement diffusé, en l’espace d’environ deux semaines — par moi-même, Hakan Yavuz (université de l’Utah) et Yeşen Dursun (université de Coblence-Landau). M. Akçam lui-même nous dit avoir reçu l’article entre quinze et vingt fois, sinon davantage — c’est-à-dire qu’une quinzaine ou une vingtaine de personnes lui ont écrit pour lui demander : « Avez-vous lu cela ? »

Ce qui frappe, outre le silence de M. Akçam sur le fond et le désespoir que révèle l’usage de l’injure, c’est son isolement impressionnant. Il n’a trouvé personne pour le défendre, ni aucun média un tant soit peu universitaire pour me répondre. Inversement, mon article a déjà été recommandé, moins d’un mois après sa parution, par Hasan Kayalı, professeur d’histoire ottomane à l’université de Californie-San Diego et auteur de plusieurs études de référence, notamment sur la période jeune-turque. J’ai aussi reçu des félicitations d’Edward J. Erickson, docteur en histoire ottomane et professeur à la Marine Corps University (auteur, notamment, d’Ottomans and Armenians. A Study in Counter-Insurgency, récemment traduit en turc) et même d’Eugene Rogan (université d’Oxford). Ce dernier, tout en insistant bien pour dire qu’il est en désaccord — respectueux — avec moi sur ce qu’il appelle « le génocide arménien », a expliqué qu’il « applaudit » (sic) mon article en tant qu’il étudie les rapports entretenus par M. Akçam avec l’exactitude.

Quelques personnes résolues à faire prévaloir l’honnêteté intellectuelle ont suffi pour mettre en grande difficulté la référence favorite des agitateurs arméniens. Ces derniers n’ont rien trouvé de plus convaincant, cent ans après.

Maxime Gauin


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